Messieurs,
À l’heure où la société française est bousculée par la grogne sociale, qu’on le veuille ou non, les gilets jaunes ont rebattu les cartes. La prime de 750 euros, versée dans la précipitation en quelques jours démontre une grande fébrilité du gouvernement et du patronat.
Les grandes orientations patronales à la mode TINA (There Is No Alternative) vacillent jour après jour.
Les lois antisyndicales Macron /El Khomri, la discrimination syndicale que vous portez et menez depuis des décennies ont désormais trouvé leurs limites. Les revendications concernant le partage des richesses, tour à tour jugées « utopiques, irréelles ou déconnectées de la réalité » sont maintenant mises violemment à l’ordre du jour.
Quelle est la situation chez Dassault aviation ?
Chez Dassault, la situation reflète finalement la situation nationale, « Une entreprise prospère qui détruit des emplois, des savoirs, des compétences et écrase les salaires ».
Si les salariés n’ont pas toujours la mesure exacte des milliards, des millions d’€uros du chiffre d’affaires, de la trésorerie, des commandes, des résultats de la société, de votre côté Monsieur TRAPPIER avez-vous la mesure exacte de ce que représente un salaire après déduction du loyer, des remboursements des crédits, des charges courantes de l’ensemble d’une famille ?
Pour la C.G.T, mais aussi pour les salariés, la coupe est pleine. Le contentieux salarial dure depuis trop longtemps et la radicalisation du personnel monte dans les établissements.
Aujourd’hui que l’on soit ouvrier, technicien, ingénieur ou cadre, sur le plan social, le passif dégrade considérablement les conditions de vie des salariés et de leurs familles.
Il y a dans notre entreprise de fortes attentes sociales, trop d’efforts, de sacrifices, de régressions ont été imposés ces dernières années. Vous ne pourrez pas écraser, piétiner éternellement l’aspiration légitime des salariés au progrès social. Aujourd’hui, ce sont les hommes et les femmes qui doivent retrouver leur place dans l’organisation du travail. Ils doivent être valorisés, formés, écoutés et entendus. Leur qualification doit être respectée et leur déroulement de carrière doit pouvoir aboutir sur des nouveaux métiers. Les salaires doivent donner les moyens aux salariés et à leurs familles de vivre décemment. Une autre répartition des richesses créées s’impose.
L’EMPLOI :
Bien que les analyses les plus pointues sur le sujet aéronautique prévoient une croissance pour les 20 années à venir, chez Dassault le nombre d’emplois diminue. Nous sommes passés de 8 412 salariés Dassault en 2015, à 8 205 en 2018, soit en 3 ans une perte de 207 emplois, l’équivalent de 2 Établissements comme Poitiers. Si nous remontons à 1998 ce sont 840 emplois Dassault qui ont disparu !!!! La mécanisation et les progrès de la technologie n’expliquent pas tout, vous avez en réalité massivement sous-traité la conception et la production de nos appareils à d’autres sociétés, dans l’unique but de toujours plus de flexibilité et de profits !
Pour exemple, à Argenteuil, sur 3 ans, nous avons eu une diminution de 25 % de l’emploi Dassault et d’un autre côté, un nombre d’emplois précaires qui est passé de 25 % à 37 % de l’effectif total présent.
Tous les secteurs d’activités sont concernés, ce qui pose en grand le problème du maintien des capacités de la société à penser, réaliser et produire des avions. Pour la CGT c’est un plan d’embauche pluriannuel qui devient vital pour maintenir la capacité industrielle de la société et ainsi en assurer sa pérennité, par la transmission du savoir-faire dans tous les secteurs de l’entreprise.
Aujourd’hui, pour pallier au manque d’effectif, vous augmentez l’emploi précaire, l’intérim et la sous-traitance « in-situ », vous multipliez les heures supplémentaires, voire vous imposez le travail le samedi démontrant ainsi le manque criant de personnel.
Vous l’avez compris, la C.G.T est en désaccord avec votre politique de gestion des effectifs qui va à l’encontre des défis de demain !
Côté civil, lancement d’un nouveau programme du « NX », fabrication et livraison des commandes Falcon, adaptations et modifications du 5X en 6X…
Côté militaire, 101 Rafale dans le carnet de commandes, un nEUROn qu’il faut continuer à développer, un SCAF qui se profile, hier, l’obtention du standard F4 et 30 nouveaux Rafale…
Tout cela devrait enfin vous faire stopper la réduction de notre capacité de fabrication !
Nous vous le signalons à chaque C.C.E, vous mettez en danger l’entreprise, au-delà des1 800 techniciens spécifiques fabrications en 2018, ce sont toutes les spécificités qui sont en sous-effectifs.
Ce manque de personnel « grippe » chaque jour un peu plus l’ascenseur social, des formations sont annulées faute de personnel pour faire avancer les avions, des évolutions de carrière sont reportées faute de personnel pour reprendre les anciens postes.
Nous vous alertons une fois de plus, les conséquences de ce manque d’embauche sont certainement plus complexes et graves que vous ne l’imaginez, cela va à l’encontre du développement industriel de notre société, et en total décalage avec les plans de charges de travail présentés dans les divers Comités d’Établissements.
PLAN DE TRANSFORMATION :
Depuis juillet 2016, date à laquelle vous avez annoncé le lancement de votre plan, « Piloter notre avenir », les salariés des sites impactés se posent toujours autant de questions. Vous avez certes bien ficelé votre plan de com’ en répétant que ce plan s’étalerait sur 10 ans, qu’on avancerait par étape,… mais aujourd’hui ces réponses évasives ne suffisent plus.
Les salariés d’Argenteuil, Biarritz, Poitiers, pour ne parler que d’eux, ne peuvent plus se contenter de vagues promesses. Nous attendons maintenant de savoir ce qui se cache derrière cette réorganisation.
Les projets industriels ne peuvent plus être discutés en petit comité quand leurs conséquences pèsent sur des centaines de familles. Ne pouvant croire, qu’à ce jour, rien ne soit décidés, nous voulons et attendons dès aujourd’hui, des réponses précises, à chacune de nos questions exposées au « Bilan de la réalisation des objectifs 2018 ». Notamment, sur le « cas » de l’établissement d’Argenteuil, où 750 familles attendent une réponse sur leur avenir, rappelons-le promise par vous-même avant la fin 2018 !
DFS : Le processus de modernisation du hangar H3 a débuté en juillet 2018 et à terme fin 2019, permettra 4 slots de maintenance 7/8/6X et, à moyen terme 3 slots NX.Nous vous demandons de poursuivre la modernisation de l’outil pour une meilleure satisfaction client, qui aspire à voir son avion en maintenance dans des locaux dignes d’un organisme d’entretien PART145.Depuis des années, nous observons, et avions alerté en CE et CCE, de l’importante perte de compétences techniques. Le climat social s’est fortement dégradé à DFS, les techniciens expérimentés démissionnent et partent à la concurrence faute de rémunérations motivantes, laissant place au manque de compétences générant erreurs et augmentations de coûts. Ce phénomène s’accentue fortement avec le déplacement de techniciens seniors les plus expérimentés et autonomes vers des postes de support technique.
Le dialogue social est au plus bas depuis des années à DFS, nous le remarquons notamment dans les échanges lors des NAO où la Direction ne joue pas le « donnant donnant », mais le minimum « légal », prétextant un marché morose. Un bel exemple de l’odieux chantage que vous nous avez exercé afin d’obtenir une bonne NAO 2018 sous condition de signature de votre « Accord de flexibilité ».
Au regard des excellents résultats du troisième trimestre, bien nous a pris de ne pas signer cet accord, accord au détriment financier et qualité de vie des salariés.
Après maintes relances des élus CGT, sur la mise en place de négociations CSE, votre Direction locale n’a daigné se réveiller qu’à partir du 31 octobre 2018 avec pour objectif, une signature mi-décembre, soit 6 semaines de pseudo négociations, alors que tous les experts s’accordent à dire, qu’il faut au moins six mois pour un tel accord. Un bon exemple chez DA où, les négociations ont débuté en avril 2018, l’accord n’étant toujours pas signé ! Dans ce contexte, les élus CGT vous demandent la création d’un poste de Responsable des Relations Sociales au sein de DFS pour améliorer ce dialogue à bout de souffle.
Pour conclure, nous le disons avec solennité, il faut au plus tôt rompre avec la politique d’externalisation massive des charges de travail.
Monsieur le Président, notre société a besoin, avant que cela ne soit trop tard, d’une vraie politique de création d’emplois, le personnel attend de votre part un discours valorisant toute la place de « l’homme » au sein de la société, ses capacités de création et d’innovation de son savoir-faire avec enfin une véritable reconnaissance du travail effectué par de réelles et significatives évolutions de salaires à l’heure où nous parlons NAO.