Visite de la ministre des armées Florence Parly et du PDG de Dassault Aviation Eric Trappier 14/01/2019

Madame la Ministre, Monsieur le président, nous souhaitions vous interpeler quant à la responsabilité qui nous engage collectivement au travers de la crise sociale et politique que connait notre pays.

Alors que devant cette situation, pour lui venir en aide, le gouvernement plaide aujourd’hui plus que jamais pour un « dialogue social » au sein de chaque entreprise, parce qu’il sait que nous sommes tous en pleine négociation salariale, il oublie juste qu’il y a encore peu, il n’a eu de cesse de discréditer et de mépriser les corps intermédiaires pour affaiblir toujours davantage l’action syndicale.

Le Graal ayant été atteint pour diminuer le rapport de force dans les entreprises autour de la mise en place du Conseil Social Economique « CSE », la disparition des CHSCT, le droit à licencier en toute impunité et le plafonnement des indemnités prudhommales.

C’est donc le pouvoir de négociation des salariés qu’il a cherché à affaiblir.

Sachant que la négociation décentralisée dans les entreprises ne se fait pas forcément à armes égales, le gouvernement avec quelques patrons inquiets à juste titre, a dû se contenter d’aiguillonner un maximum d’entreprises françaises à faire un effort et un geste en faveur du salariat.

Beaucoup de grandes entreprises comme la nôtre ont donc versé à leurs salariés une prime défiscalisé que l’on pourrait appeler « prime jaune ».

Mais jaune comme le désert dans lequel vous avez versé cet arrosoir pour tenter de faire oublier la vraie question du pouvoir d’achat qui est posée, c’est à dire la question des salaires.

S’il y a d’emblée un angle mort qui échappe à votre champ de vision dans le fait que le « patronat » n’a pas encore été pris à partie, c’est parce que les origines mêmes du mouvement ne se trouvent pas inscrites en apparence dans les rapports sociaux de travail.

En effet, la crise des « gilets jaunes » stigmatise d’abord le mépris social de classe, qui sert d’amplificateur à la propagation d’un sentiment d’injustice, focalisé sur des mesures qui touchent très directement le quotidien des intéressés.

Et si les manifestations prennent uniquement pour cible Emmanuel Macron en tant que « président des riches », les hommes politiques en général, les sénateurs, et aussi les riches, notamment au travers de la réforme de l’ISF, c’est parce que les salariés, « gilets jaunes » ou autres, n’ont pas encore fait le lien dans le fait que vous vous êtes rendus responsables des mesures prises par ce gouvernement et les précédents.

Monsieur le président, en tant que président du « GIFAS », syndicat patronal aéronautique, vous feriez une grave erreur de feindre d’ignorer à votre tour ce qui se passe autour de nous et de faire en sorte que les gouvernants continuent d’exécuter aveuglément la seule volonté dogmatique et libérale au détriment des valeurs sociales et écologiques.

Les formes de mobilisations actuelles sont la conséquence des défaites sociales des dernières années, après des grèves et des manifestations qui mobilisaient pourtant des millions de personnes, sur les retraites, le code du travail et bien d’autres sujets.

Il serait temps de changer de méthode et de ne pas s’engager plus loin par exemple, dans une réforme de la convention collective nationale de la métallurgie, toujours plus a minima pour le salariat, afin de montrer la voie à un gouvernement qui s’entête à garder le cap dans des réformes libérales toujours plus destructrices de droits sociaux et de justice salariale.

De façon globale, après les chiffres records sur les versements de dividendes aux actionnaires, 57,4 milliards d’euros en 2018, nous ne pouvons imaginer au travers des négociations futures ou actuelles, que vous continuerez à nous opposer le mur du système, le mur de la compétitivité, des équilibres financiers, etc…sans être conscient du risque que vous prenez en condamnant davantage les perdants de la mondialisation.

Même si ce gouvernement s’apprête à redoubler l’arsenal répressif visant à rendre illégal un rapport de force dans la mobilisation collective en invoquant l’état de droit et la démocratie, il ne fait qu’éroder un peu plus chaque jour sa légitimité et met en péril la démocratie qui se resserre sous nos yeux.

Monsieur le président, face à cette responsabilité collective, nous ne pouvions rester silencieux, et à ce stade, en tant qu’organisation syndicale, il est une nouvelle fois de notre devoir de vous prévenir que ce n’est pas parce que l’on coupe l’une des deux ailes du mouvement social, que sur le long terme, on éteindra une alarme incendie qui clignote depuis trop longtemps.

 

Merci pour votre écoute, l’ensemble des élus CGT de Mérignac.

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