Messieurs,

Aujourd’hui 11 mai 2017, nous sommes appelés, entre autre, à discuter et à donner notre avis sur les comptes société.

Pour la CGT, nous discuterons surtout des annonces et mesures mises en place en totale contradiction avec les résultats financiers de notre entreprise.

En effet, l’année 2016 restera, comme toutes ces dernières années, caractérisée par une excellente performance financière :

• Un niveau de chiffres d’affaires élevé avec 3,161 milliards d’€uros,
• Un bénéfice qui pourrait faire pâlir nombre d’entreprise du monde aéronautique à 257 millions d’€uros,
• Une trésorerie disponible de plus de 2,56 milliards d’€uros,
• Des prises de commandes élevées de 9,20 milliards d’€uros,
• Une prise de commandes de 20 appareils Falcon et 36 Rafale,
• Un carnet de commandes atteignant 20 milliards d’€uros,

 

Après lecture du document de M. NAHON, une ligne des comptes 2016 nous interpelle tout de même fortement : vous avez provisionné 27,5 millions d’€uros pour financer des réductions d’effectifs alors même que vous avez touché, au titre du Crédit d’Impôt Compétitivité Emploi 28 millions d’€uros depuis 2013.

Le constat est simple, vous utilisez de l’argent public destiné à créer des emplois pour en réalité en détruire !

La CGT dénonce fermement ces méthodes et vous demande de rembourser à l’État ces sommes perçues indûment, au regard du détournement de leur utilisation.

Concernant l’aspect industriel :

En Octobre dernier vous annonciez la « transformation » de l’entreprise.

Au CCE de Janvier vous nous en présentiez les grandes lignes avec les sites d’Argenteuil et de Poitiers fragilisés par vos décisions, tel que les transferts d’activités et spécialisation des sites, ceux-ci vidant les usines de ses salariés.

Aujourd’hui, nous nous trouvons dans une situation scandaleuse : d’un côté, c’est l’angoisse des familles des salariés concernés par ces transferts d’activités et de l’autre c’est l’opulence pour la société et ses principaux actionnaires.

Vous agitez un chiffon rouge afin de mettre en place votre plan de « restructuration », mais l’analyse des comptes laisse apparaitre la non véracité des propos alarmistes tenus par vous-même il y a quelques mois, prétendant que la société perdait de l’argent à chaque vente d’avion.

          Démontrez-le nous ?

 Les années passent mais vos objectifs sont toujours restés les mêmes, augmenter encore et toujours plus vos profits au détriment des salariés.

Vous envoyez MM Lherm et Petit faire les VRP dans les établissements, afin d’inciter les salariés à être mobiles à travers la France.

• Qu’allez-vous proposer aux salariés de Poitiers et d’Argenteuil qui ne veulent majoritairement pas suivre vos transferts d’activités sur Seclin, Mérignac et Martignas ?

À cette question aucune réponse sérieuse !

• Qu’allez-vous proposer aux salariés dont le déménagement de la famille provoque une perte financière sèche conséquente ?

À cette question aucune réponse sérieuse !

• Au détriment de quels établissements sera réalisée la production en Inde ?

À cette question aucune réponse sérieuse !

• Quel avenir pour les sites d’Argenteuil et de Poitiers ?

À cette question aucune réponse sérieuse !

Face à ces questions sans réponses, le stress des salariés, mais aussi la colère, montent. La majorité du personnel est contre ces transformations. En plus d’oublier de prendre en compte l’avis des personnels concernés, les justifications économiques à cette restructuration de l’entreprise sont complètement absentes !

Vous ne nous avez jamais apporté le moindre chiffrage du gain espéré pour notre société !

Bien sûr, vous le savez, votre restructuration ne passera pas comme une lettre à la poste, vous vous attendez à un conflit que vous pensez pouvoir étouffer rapidement. Nous vous mettons aujourd’hui une nouvelle fois en garde sur ces méthodes !

Votre stratégie de restructuration à marche forcée, ponctuée de discours rassurants,      «  ne vous inquiétez pas, il n’y aura aucune fermeture de site et aucun licenciement » nous ramène 30 ans en arrière, avec la mise en scène de Serge Dassault au palais des congrès en 1986 !

Devant l’ensemble du personnel les propos tenus étaient les mêmes : « ne vous inquiétez pas il n’y aura pas de fermeture de site ».

5 années plus tard, 5 sites Dassault-Aviation avaient disparu et nombre de salariés sont restés sur le pas de porte, sans emplois !

Et pour vous aider à cela, vous nous avez fait entrer dans l’air du tout répressif. Chaque nouvel accord, chaque nouvelle décision ne sont que reculs sociaux, contraintes et stigmatisations, bien souvent d’une certaine et même catégorie du personnel, toujours les mêmes éléments de langage : « toujours trop cher,  pas assez productif, pas assez flexible… ».

Depuis quelques années vous avez engagé les grandes manœuvres : dénonciation de notre historique Participation et Intéressement imaginés et voulus par Monsieur Marcel Dassault puis, captation des congés payés, menace de licenciements en cas de non signature d’accord de tri annualisation, gel des embauches, charges de travail transférées dans le cadre d’une soi-disant solidarité économique inter site, bien souvent en totale incohérence industrielle, mettant les sites d’Argenteuil et de Poitiers en difficulté !

La restructuration, que vous êtes en train de mettre en place, oublie à nouveau l’essentiel, les salariés et leurs familles !

Ce sont ces mêmes salariés qui chaque jour font des miracles avec la désuétude de notre outil industriel, subissant la pression de leurs hiérarchies pour produire toujours plus avec toujours moins.

Ce sont encore ces mêmes salariés que vous ne récompensez plus à la hauteur de leur investissement et travail, ceux-là mêmes qui vous permettent pourtant, à vous actionnaires et mandataires sociaux, de vous enrichir sans état d’âme.

Vous minimisez la déflagration et l’onde de choc de votre restructuration, la casse d’Argenteuil et de Poitiers aura des conséquences sur l’ensemble de notre entreprise, accompagnée de dégâts collatéraux dans nos territoires, votre restructuration oubliant également l’aspect de la responsabilité citoyenne d’une entreprise telle que la nôtre et l’importance du maillage de l’emploi sur le territoire national.

En effet, l’emploi dans notre secteur industriel a un effet démultiplicateur sur les emplois induits : 1 emploi industriel de notre secteur génère 3 à 4 emplois hors industrie.

La CGT a présenté sur tous les sites un plan alternatif, porteur de progrès industriel, écologique et social pour notre entreprise :

• Diversification de nos produits,
• Recyclage de nos avions en fin de vie,
• Développement d’un avion de type Alpha Jet, pouvant être produit en coopération, avec l’Inde par exemple
• Ré-industrialisation de nos sites,
• 32 heures,
• Campus Dassault,
• ….

 

DFS :

Depuis les NAO 2017, la Direction de DFS avance dans les pas de la maison mère, en proposant un accord de « Flexibilité du temps de travail », tel que refusé quelques mois auparavant par les salariés de D.A.

Lors du précédent CCE du 26 janvier 2017, à notre question n°7 « Quelle stratégie pour le site DFS le Bourget, DA compte mettre en œuvre pour son développement en parallèle de DFS Mérignac », vous nous répondiez, que notre Direction locale nous informera en CE courant 2017 de la stratégie décidée.

Lors du CE Extra de DFS du 8 février 2017 à l’initiative de la CGT, la direction est restée très évasive quant à la stratégie de l’entreprise, et pour finir sur la modernisation des hangars du Bourget à l’adaptation au avions du type 7/8/5X, la seule réponse que vous nous avez apportée a été « On ne va pas casser les H5, alors que l’on ne connait pas la taille du nouvel avion en étude chez DA ».

Surprenant comme réponse alors que dès aujourd’hui le 7X et demain le 8X et 5X ne sont pas en capacité d’être accueilli au Bourget. Encore une réponse floue pour noyer le poisson.

Il apparait évident, à cette réponse, que la politique de la DG Dassault Aviation envers DFS soit de ne pas  maintenir l’outil industriel de maintenance programmée sur le site du Bourget tel qu’il existe à ce jour.

Nous profitons donc à nouveau de ce CCE pour vous demander officiellement une rencontre avec les représentants CGT Dassault Aviation et DFS pour discuter de l’avenir de notre groupe.

Messieurs, nous vous demandons de bien réfléchir aux conséquences de votre politique sociale, salariale et industrielle sur l’entreprise et ses salariés.

Êtes-vous sûr de vouloir pérenniser la société ou voulez-vous tout simplement en tirer le maximum de profit à court et moyen terme ?

Votre stratégie du « gagnant-gagnant » est-elle pour l’ensemble des salariés, ou juste pour une minorité de quelques privilégiés dont vous faites partie ?

Alors Messieurs, pour une politique industrielle et sociale digne de son père fondateur, Monsieur Marcel Dassault, la CGT vous exhorte, dans l’intérêt des salariés et de notre entreprise, à changer sans délai de méthode et de logiciel, afin de revenir aux fondamentaux qui nous ont permis de fêter nos 100 ans d’existence.