Et si le Qatar montait à bord du Rafale en juin

Le Qatar pourrait annoncer son choix en faveur du Rafale lors de la visite officielle à Paris au mois de juin du nouvel émir, cheikh Tamim Ben Hamad Al Thani.

Et si le Qatar annonçait sa décision de choisir le Rafale en juin lors de la visite à Paris du nouvel émir, cheikh Tamim Ben Hamad Al Thani ? En tout cas, toute la filière industrielle aéronautique militaire française l’espère. Tout comme le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, qui a bâti la loi de programmation militaire sur un contrat export de l’avion de combat fabriqué par Dassault Aviation. « Raisonnablement, nous pouvons croire à une telle annonce avant l’été de la part du Qatar », explique l’un des industriels contactés par « La Tribune ». La signature d’une lettre d’intention (LoI) entre le Qatar et Dassault Aviation pourrait être signée à cette occasion. Inch Allah, comme se le répètent en boucle les industriels…

Selon nos informations, les discussions ont toutefois repris depuis le mois de mars après une période où Doha avait semble-t-il, mis en suspens ce dossier. Durant trois mois environ, les Qataris n’ont plus donné signe de vie sur le Rafale. Pour autant, à Paris, durant cette période, les industriels et les étatiques ne semblaient pas trop inquiets de ce silence. « Il faut s’inscrire dans la durée avec Doha, ils ont leur propre tempo », expliquait-on à « La Tribune ». Et c’est en mars que les Qataris ont finalement repris langue avec le Team Rafale (Dassault Aviation, Thales et Safran) en posant par salves de nouvelles questions sur l’avion de combat.

72 avions de combat

De douze appareils – des Mirage 2000-5 -, le Qatar voudrait augmenter sa flotte d’avions de combat à 72, dont un premier lot de 36. En tout cas c’est que Doha souhaitait l’été dernier. Un client qui a de toute façon les moyens de s’offrir 72 avions de combat. Dans ce cadre, l‘émirat avait envoyé en août dernier un appel d’offres (Request for Proposal) à trois candidats : Dassault Aviation, Lockheed Martin et le consortium Eurofighter. Selon un calendrier informel, le Qatar devait choisir un fournisseur pour un premier lot de 36 appareils d’ici à la fin 2013 et entrer ensuite avec ce constructeur en négociations exclusives. Dassault Aviation tenait la corde pour ce premier lot.

Mais le calendrier a dérapé en raison, notamment, du jeu étrange des Américains. Mi-septembre, Londres, qui propose Eurofighter Typhoon, et Paris, qui soutient le Rafale (Dassault Aviation), avaient rendu leur offre conformément au calendrier fixé par Doha. Mais pas Washington. Du coup, les deux enveloppes contenant les offres du consortium Eurofighter (BAE Systems, EADS et l’italien Finmeccanica) et de Dassault Aviation ont dormi plusieurs mois au fond d’un coffre avant d’être décachetées… une fois la réponse des Américains réceptionnée par les Qataris. Et curieusement, les États-Unis n’ont finalement pas proposé le F-35, selon des sources concordantes.

La LPM prévoit la livraison de 26 Rafale

Le ministre de la Défense a fait un sacré pari en inscrivant la livraison de seulement 26 Rafale dans la LPM (2014-2019). Elle fixe la livraison de 11 Rafale en 2014 puis 2015, quatre en 2016 et puis aucun entre 2017 et 2019. Pour compenser l’absence de livraisons de 11 Rafale par an, Jean-Yves Le Drian a fait le pari de l’export. Aujourd’hui on est entré dans le « money time » pour conclure un contrat à l’exportation. Car il faut en moyenne trois ans pour fabriquer un Rafale à partir de la signature du contrat.

S’il réussit, le ministère pourra économiser la livraison de 11 Rafale, soit autour de 1 milliard par an. A contrario, il s’expose à des pénalités très lourdes de Dassault Aviation, qui lui-même fait vivre 500 fournisseurs dont Thales et Safran, ses principaux partenaires. « Le contrat stipule la livraison annuelle de onze Rafale. « C’est la cadence minimale fixée au regard de la continuité industrielle et de la capacité des fournisseurs de Dassault à produire les équipements nécessaires », avait expliqué en 2012 le délégué général pour l’armement (DGA), Laurent Collet-Billon. Si un contrat export n’était pas signé, la LPM prévoit une clause de revoyure pour trouver de nouvelles solutions.

 

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