Monsieur le président,
Lors de notre dernière rencontre sur le site de Mérignac, nous vous avions interpelé sur la stratégie industrielle de l’entreprise.
Pratiquement 2 ans après, nos inquiétudes, ainsi que celles des salariés, se font de plus en plus fortes.
Après une mise en place du Lean Manufacturing, avec une concertation à minima du personnel et aucune avec les organisations syndicales, les premiers travers de ce nouveau mode travail apparaissent.
Perte des compétences et des savoir-faire, perte de repères, démotivation, entrainant à plus ou moyen terme la disparition de notre rôle d’expert.
La preuve en est la très grande difficulté que nous rencontrons à livrer dans les délais certains modèles comme les Falcon 2000 et Falcon 900, ceci malgré l’apport en masse de main d’œuvre extérieure, hélas pas toujours sensibilisé à notre philosophie de travail.
Si à une époque nous étions dans une soi-disant « sur-qualité », nous sommes passés au « juste assez ».
Aujourd’hui nous n’entendons plus parler que de réduction de coûts, et des délais, nous entrainant inexorablement vers une qualité moindre.
Nous faisions de très beaux et très bons avions, aujourd’hui nous faisons des avions.
Monsieur le président, sommes-nous dimensionnés dans la perspective des contrats Rafale à venir et de la montée en cadence des Falcon 5X et 8X ?
Cet effet de mode qu’est le Lean Manufacturing, mise en place dans toutes les entreprises industrielles et autres, n’est qu’une stratégie financière à très court terme, mais ne pérennise en rien l’avenir de Dassault Aviation.
A cela s’ajoutant une énième négociation sur l’organisation du temps de travail ; négociation dont les propositions direction sont un véritable recul social.
La politique mené par la Direction Générale engendre un climat délétère propice à un mal être au travail, dans tous les secteurs d’activités, et sans aucune distinction de catégories socio-professionnelles.
Monsieur le président, il est grand temps de prendre en considération l’intérêt général de l’entreprise et de ses salariés, il n’est pas encore trop tard.