C’est le centre d’excellence de Dassault Aviation dans les matériaux composites : l’usine de Biarritz, au pays basque. Dans cette usine, qui abritait autrefois les activités du constructeur Latécoère puis Bréguet, le constructeur français fabrique une grande partie des éléments de structure en fibres de carbone et en kevlar du Rafale et des avions d’affaires Falcon.
Cette usine a subi une véritable révolution au cours des dernières années avec l’arrivée d’un nouveau procédé de fabrication : le placement filamentaire. Jusque là, Dassault fabriquait ses pièces en composites par nappage (automatique ou manuel) de préimprégnés de carbone, ou par le procédé RTM (Resin Transfer Molding, moulage par injection de résine).
C’est tout particulièrement le procédé de nappage manuel qui a été visé par cette démarche de modernisation : ce dernier, s’il a fait ses preuves et permet d’obtenir des pièces de haute performance, trouve néanmoins ses limites en terme de rendement. D’où l’idée de le remplacer par un processus robotisé. Si le nappage automatique fonctionne très bien pour la fabrication de grandes pièces planes (il est notamment utilisé pour la fabrication des panneaux de voilure du Rafale), il ne fonctionne pas lorsqu’il s’agit de pièces en volume, comme des pointes avant, des cônes arrières, ou bien encore des becs de bord d’attaque.
D’où l’intérêt de passer au placement filamentaire. L’établissement de Biarritz s’est ainsi doté il y a un peu plus de trois ans d’un robot de placement filamentaire fourni par la PME bretonne Coriolis Composites. La phase d’expérimentation est désormais terminée ; l’avionneur français vient ainsi de terminer le premier cône arrière de Falcon 5X, et s’apprête à fabriquer sa pointe avant. La suite, ce pourrait être une phase de « retro-engineering » pour fabriquer avec ce même procédé certains éléments du Falcon 7X ou du Rafale.
Sur le thème du placement filamentaire, Dassault Aviation a par ailleurs travaillé en étroite collaboration avec Compositadour, un centre de recherche spécialisé dans les procédés de fabrication robotisée de pièces en composites et implanté à Bayonne.
Biarritz s’est également doté d’une toute nouvelle unité de fabrication en RTM pour les winglets du Falcon 5X et du 7X. Cette méthode de fabrication est également utilisée pour certaines trappes de trains d’atterrissage, ainsi que pour le caisson de dérive du Falcon 7X.
En plus de fabriquer des pièces en composites, l’usine de Biarritz réalise également de l’usinage d’éléments en titane, ainsi que l’assemblage des fuselages de Falcon et de certains tronçons de celui du Rafale. L’assemblage du fuselage du tout premier Falcon 5X a d’ailleurs démarré à Biarritz. Il devrait être livré à Mérignac d’ici l’été.