Risques et troubles psychosociaux
Catherine Brun de l’ARACT Aquitaine définit les risques et les troubles comme suit : le trouble peut être caractérisé par l’apparition chez une ou plusieurs personnes de signes souvent faiblement perceptibles qui, faute d’attention, peuvent progressivement s’aggraver jusqu’à devenir pathologiques. Le risque est considéré au sens de probabilité qu’un trouble se manifeste ; Parmi les différents risques existants au travail, les risques psychosociaux ont la particularité de s’intéresser à deux éléments: l’impact psychologique sur le salarié et l’impact relationnel entre les salariés et le travail.
Pour le ministère du travail « les risques psychosociaux recouvrent des risques professionnels d’origine et de nature variées, qui mettent en jeu l’intégrité physique et la santé mentale des salariés et ont, par conséquent, un impact sur le bon fonctionnement des organisations ».
Introduction
De nombreux risques psychosociaux peuvent induire des troubles psychosociaux. Ils peuvent inclure stress, violences, mal être ou harcèlements.
Pour Patrice Adam et Ariane Bilheran « Les facteurs de risques psychosociaux sont souvent pluriels, engendrant des cercles vicieux entre eux. Nous parlons alors de « facteurs pathogènes » dans l’environnement et les conditions de travail, à savoir des facteurs qui créent des « maladies » dans l’entreprise. En réalité, toute entreprise (comme tout individu d’ailleurs) qui ne porte pas un respect fondamental de l’être humain est malade. Ainsi, de nombreuses thématiques sont examinées par les spécialistes, qui analysent également leurs interactions, parmi lesquelles les suivantes en particulier »: relations sociales, autonomie, exigence émotionnelle, écarts entre travail prescrit, réel et vécu, charge de travail, sens donné au travail, conflits de valeur… De plus « L’on parle régulièrement d’« exposition aux risques psychosociaux ». Elle qualifie à la fois le degré, la durée et la densité des risques psychosociaux, ainsi que le cumul avec d’autres risques psychosociaux. Cette exposition est également plus ou moins atténuée en fonction des espaces de récupération existants, ainsi que des espaces dits de régulation. Un espace de régulation désigne tout espace neutre permettant d’apaiser les tensions, les conflits, et de prendre une distance psychique salutaire. Ce peut être un espace formel, tels qu’une réunion, une supervision, un groupe de parole, ou un espace informel, tels que la « pause-café », le déjeuner etc. », soulignent les mêmes auteurs (2011).
Il est question de « stress au travail » lorsqu’il existe un déséquilibre entre la perception qu’une personne a des contraintes que lui impose son environnement professionnel et la perception qu’elle a de ses propres ressources pour y faire face. Il en résulte des conséquences sur la santé des salariés et des dysfonctionnements dans l’organisation. Le stress est parfois qualifié d’« adapté » lorsqu’il apparaît de façon momentanée et peut être maîtrisé par la personne qui le subit, lui permettant ainsi de résoudre les difficultés et d’effectuer les tâches ou adaptations requises. Lorsque ce stress perdure et aboutit à l’émergence des RPS, il est alors qualifié d’« inadapté ».
L’accord cadre européen du 26 avril 2007 sur le harcèlement et la violence au travail définit les formes de violence au travail. Il s’agit de violence physique sur les biens et / ou les personnes (agressions d’un client, d’un patient…), de violences concernant des salariés « entre eux » (abus de pouvoir, rivalités entre équipes…) ou plus psychologiques (domination, intimidation…).
« Il peut être lié à l’absence de reconnaissance au travail, à un ressenti négatif du travail ou encore à des tensions entre les moyens alloués pour réaliser le travail et les objectifs, la contribution et la rétribution, les exigences du travail et les compétences attendues… » Il peut aussi être lié aux idéaux de métier et à leur relation avec la réalité concrète du métier.
Depuis la loi de modernisation sociale de 2002, le harcèlement se définit « comme un ensemble d’agissements répétés qui ont pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte aux droits du salarié et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel ».
Les études de profilage sur les personnes susceptibles d’exercer un harcèlement révèlent que l’auteur du harcèlement ou de l’intimidation présente certains traits de personnalité : agressivité importante ou impulsivité.L’absence d’autocritique et d’examen de son propre comportement a aussi été considérée comme un indice révélateur (Maarit Vartia-Väänänen)
Bruno Lefebvre, psychologue clinicien, a pu distinguer trois types de harceleurs «en dehors du pervers narcissique : celui qui est ‘’accro au travail’’ et qui du coup en demande trop aux autres, le manager absent qui laisse dégénérer et ne soutient pas ses équipes et le ‘’manager télécommandé ‘’ qui rejette sur d’autres la pression qu’il subit
Pathologies
Les RPS peuvent déclencher tout un ensemble de pathologies comme les troubles musculo-squelettiques ou TMS ou la dépression. Certaines d’entre elles, proches de la dépression, sont typiques.
Le syndrome d’épuisement professionnel, ou burn out, résulte de situation de stress au travail prolongé et se manifeste par un épuisement physique, mental, émotionnel, un désintérêt profond pour le contenu de son travail et la dépréciation de ses propres résultats. C’est l’un des premiers phénomènes qui a été observé notamment chez les personnels soignants ou les travailleurs sociaux, qui récupèrent les tensions affectives et morales des publics qu’ils traitent.
Le syndrome d’épuisement professionnel par l’ennui ou bore out est un trouble psychologique engendré par le manque de travail, l’ennui et, par conséquent, l’absence de satisfaction dans le cadre professionnel. Il affecterait couramment les individus travaillant en entreprise et notamment les travailleurs du secteur tertiaire. Cette théorie a été présentée dans Diagnosis Boreout, un livre écrit par deux consultants d’affaires suisses, Peter Werder et Philippe Rothlin.