Rémunération du travail/coût du capital_Menons la bataille idéologique
Les profits des entreprises du CAC40 retrouvent les niveaux de 2007. Les 500 plus grosses fortunes de France ont vu leur patrimoine fi nancier et biens professionnels augmenter de plus 25% en un an pour atteindre 330 milliards d’euros. C’est la crise nous dit-on ? Pas pour tout le monde visiblement, c’est surtout une bonne excuse pour le patronat d’écraser un peu plus les travailleurs en les maintenant dans la peur. La peur du chômage qui frappe durement les masses, la peur de la fin du mois qui se rapproche de plus en plus du début… ; la peur d’être malade et de ne pas pouvoir se soigner, la peur du lendemain, la peur de la rue… Les agitations médiatiques autour des propos scandaleux et inadmissibles d’un ministre de la République sur les conditions de vie des Roms ne donnent- elles pas à voir la peur des salariés face à l’extrême pauvreté ?
Les images de ces conditions de survie dans une extrême précarité ne sont-elles pas celles que nous craignons pour nous-mêmes face à ce capitalisme destructeur de toutes les protections sociales et solidaires ?
Il est assez paradoxal qu’au moment où les profits atteignent des niveaux inégalés, l’offensive sur le « coût du travail » s’accélère. Ils n’en n’ont jamais assez : accords compétitivité, réformes des retraites, des salaires qui sont écrasés, des attaques contre la Sécurité Sociale, transfert du fi nancement de la Branche Famille des cotisations vers l’impôt… Le Parti dit socialiste entend réaliser ce que même la droite n’a réussi à faire jusque là, et ce que Denis Kessler, ex numéro 2 du CNPF appelait pourtant de ses voeux au lendemain de l’élection de Nicolas Sarkozy : se débarrasser du programme du Conseil National de la Résistance et notamment les dispositions de gestion démocratique de l’économie.
La CGT dénonce le coût du capital. Très concrètement, il s’agit de décliner, très vite, dans nos cahiers revendicatifs dans chaque entreprise, chaque atelier, usine, bureau, garage : emploi, salaire, conditions de travail, protection sociale, exigeons notre part des richesses que nous créons ! Cette revendication sera au coeur, n’en doutons pas, des prochaines NAO et de nos prochaines initiatives que nous mèneront dans les prochaines semaines.
En Ile-de-France par exemple, les métallos sont d’ores et déjà appelés à se rassembler massivement, le 4 février prochain, devant le Groupement des Industries de la Métallurgie (GIM) pour exiger l’augmentation des minimas (salaire et primes d’ancienneté) et des emplois. Rémunération du travail contre coût du capital, il s’agit bien là d’une grande bataille idéologique qu’il nous faut mener, une grande vague d’éducation populaire qu’il faut et donner tord à Warren Buffet, l’un des plus riches de la planète, qui affirmait il y a quelques années qu’il existait «bel et bien une guerre des classes mais c’est [sa] classe, la classe des riches qui fait la guerre et c’est [eux] qui gagnent».