Monsieur Trappier PDG de Dassault-Aviation,
Dans votre lettre du 17 mars 2020 vous citez les responsables des organisations syndicales et laissez entendre qu’ils approuvent les décisions que vous avez prises au sujet de la quarantaine due à la propagation de covid-19. Nous devrions d’ailleurs plu- tôt dire l’absence de quarantaine que vous avez décidée pour vos salariés, puisque tous les sites de Dassault-Aviation restent ouverts. C’est pourquoi vous nous forcez au- jourd’hui à répondre.
Vous dites être en contact constant avec les plus hautes autorités du pays, Prési- dence de la République, Ministres, Medef, etc. et que c’est à partir de ces contacts que vous justifiez le maintien des salariés au travail sur leur site.Vous dites aussi qu’ils confirment tous qu’il est possible de travailler afin de ne pas « ajouter une crise sur la crise », vous parlez alors de rajouter une crise économique sur une crise sanitaire.
Compte tenu de la gestion actuelle de la crise sanitaire, nous ne pouvons qu’avoir une faible confiance dans ces institutions. C’est d’ailleurs un sentiment partagé par l’ancienne ministre de la santé qui dénonce la « mascarade » actuel du gouvernement afin de protéger à tous prix l’activité politique et économique du pays. De plus, nos activités, fabriquer des avions d’affaires et militaires pour l’export, ne font pas partie de la liste des activités « essentielles à la vie du pays » telle que citées par notre mi- nistre de l’économie Bruno Lemaire (santé, sécurité, alimentation, énergie,…)
Du côté syndical, nous sommes en contact avec les soignants des centres de réani- mations parisiens et de la banlieue parisienne. Ils sont unanimes depuis une semaine maintenant : on se dirige vers une catastrophe sanitaire et les soignants sont déjà à bout de force et n’ont plus de moyens matériels. Nous pouvons d’ailleurs citer vos sources comme les responsables de la destruction du service de santé français (Medef et gou- vernements successifs…).
Il ne faut pas faire de politique aujourd’hui, nous analyserons les faiblesses que ré- vèle cette crise plus tard. Il s’agit aujourd’hui d’être responsable, d’être humain et de faire respecter un confinement de 15 jours minimum afin de ne pas provoquer des morts supplémentaires. Oui, nous parlons bien aujourd’hui de vie et de mort.
Aussi, lorsque vous parlez d’ajouter « une crise sur la crise », il est évident pour la CGT, qu’avec 15 jours d’arrêt, nous ne mettrons pas en difficulté notre société. En effet, notre société, à la différence de la très grande majorité des sociétés française, possède une trésorerie capable d’assurer le paiement à l’heure de nos partenaires et capable d’assurer un maintien des salaires de tous nos salariés pendant des mois.
Saint-Cloud, le 18 mars 2020
Quand l’État parle de crise il est évident, qu’il ne parle pas de Dassault-Aviation et qu’au contraire il compte bien sur des sociétés comme la nôtre, aux reins très solides, pour être exemplaire. Nous avons une responsabilité économique et sociale envers nos salariés et envers nos sous-traitants qui travaillent sur nos sites et hors de nos sites. Nous nous devons alors de maintenir le paiement de nos factures et l’intégralité des rémunérations de nos salariés tout le temps que durera cette crise.
D’autre part, nous avons pu entendre certains directeurs de Dassault-Aviation affir- mer qu’il s’agit de maintenir le travail de nos salariés coûte que coûte, afin de pré- server l’image de notre société et de maintenir notre chiffre d’affaire. Vous êtes donc en train d’opposer la vie, la santé et sécurité des salariés et de leur famille à l’image de notre société alors même que nos caisses sont pleines (5 milliards d’euros de trésore- rie). Pour la CGT, la vie et la santé des salariés et de leurs familles n’ont pas de prix et doivent primer avant toutes considérations financières.
Pas la peine de revenir sur nos chiffres d’affaires, nos bénéfices et notre trésorerie, Dassault-Aviation bat records sur records ces dernières années. Pour ce qui est de l’image de notre société, nous pensons qu’actuellement les citoyens du monde entier analysent d’un regard très critique les décisions qui sont prises par les grands respon- sables politiques et économiques. Nous pensons, à l’inverse de vous, que pour amélio- rer notre image il s’agit de faire respecter le confinement et d’être exemplaire dans la gestion de cette crise.
Compte tenu de vos premières décisions, nous vous demandons de revenir à la rai- son et de prendre enfin une décision raisonnable, celle de fermer tous nos sites pour deux semaines au minimum tout en maintenant toutes les rémunérations de nos sala- riés.
Sachez aujourd’hui être à la hauteur de vos responsabilités.
Reponse_CGT_au_PDGLes syndicats CGT de Dassault-Aviation