Dassault Aviation a annoncé jeudi que le Falcon 5X, l’un des deux nouveaux jets sur lesquels il compte dans un marché de plus en plus compétitif, ne devrait entrer en service qu’au premier semestre 2020 en raison des difficultés du moteur de Safran.
L’avionneur, en concurrence avec l’américain Gulfstream et le canadien Bombardier, s’attend à une remontée de ses livraisons de Falcon cette année, à 60 unités, après avoir raté son objectif de 65 livraisons en 2015- avec seulement 55 unités- sur fond de ralentissement économique dans les émergents.
Le PDG de Dassault Aviation, qui espérait l’an dernier un rebond des livraisons pour 2017, s’est cette fois refusé à tout pronostic dans un marché qu’il ne juge pas encore stabilisé, après une division par deux des commandes de Falcon à 45 unités en 2015, à laquelle s’est ajoutée une annulation de 20 avions de la part de l’intermédiaire NetJets.
« On est un peu déçu, on sent bien que le marché aujourd’hui est encore un peu mou », a dit Eric Trappier lors d’une conférence de presse, citant entre autres la crise économique au Brésil et les conditions plus strictes des achats d’entreprises en Chine qui pèsent sur les commandes de jets.
« On a vraiment espéré en 2014 avec cette prise de commandes qui a été sûrement un rattrapage des années précédentes qui avaient été faibles », a-t-il ajouté. « Il faut qu’on comprenne bien, on fait la tournée de tous nos clients en ce moment. »
Eric Trappier a en outre dit s’attendre à « quelques annulations » des commandes de 5X, victime des retards du moteur Silvercrest de Snecma (groupe Safran), tandis que l’entrée en service de son autre nouveau jet, le 8X, est, lui, toujours prévu pour le second semestre 2016.
Il s’est refusé à tout commentaire sur le carnet de commandes de ces deux avions.
90 RAFALE EN PLUS ESPÉRÉS EN INDE
Dassault Aviation, qui espère signer le contrat de 36 Rafale avec l’Inde au premier semestre, discute avec des industriels indiens d’une commande supplémentaire de 90 avions, en se basant sur la politique du « make in India » voulue par le Premier ministre Narendra Modi.
Dassault Aviation avait mené pendant plus de trois ans des négociations exclusives sur un contrat de 126 Rafale, dont 108 fabriqués en Inde, avant que tout soit remis à plat au printemps dernier avec l’annonce par Narendra Modi de sa volonté de commander 36 avions prêts à voler.
Cette fois, Dassault Aviation, qui mène déjà des discussions avec des industriels indiens sur cette éventuelle commande supplémentaire, s’est assuré le choix de ses partenaires, un point qui a été la pierre d’achoppement des précédentes négociations.
Dassault Aviation continue aussi ses discussions sur le Rafale avec la Malaisie et les Emirats arabes unis et les reprend avec la Suisse après le redémarrage du processus d’acquisition d’avions de combat, a ajouté Eric Trappier.
Avant le triplement de sa production à trois Rafale par mois en 2018, le groupe va ralentir la cadence en ne livrant que neuf avions cette année et quatre l’an prochain, aux armées française et égyptienne.
Au total le « book to bill » (ratio prise de commandes / chiffre d’affaires) ressort à 2,4 en 2015 contre 1,26 en 2014.
Dassault Aviation vise cette année une baisse de son chiffre d’affaires après une hausse à 4,176 milliards d’euros en 2015 (publié fin février) contre 3,68 milliards en 2014.
Dassault Aviation a dégagé un bénéfice net ajusté de 482 millions d’euros en 2015, donnant une marge de 11,5% contre 10,8% en 2014.
Le groupe propose le versement d’un dividende de 12,1 euros par action au titre de 2015 contre 10 euros pour 2014.
Le Groupe industriel Marcel Dassault (GMID) détenait au 31 décembre 56,1% du capital, contre 23,6% pour Airbus Group et un flottant de 15,8%, tandis que Dassault Aviation détient 4,5% de ses propres actions.
Airbus Group a prévu de poursuivre son désengagement de Dassault Aviation après en avoir cédé 18,75% pour 748 millions d’euros l’an dernier.
Eric Trappier a dit à Reuters ne pas exclure un troisième rachat d’actions de Dassault Aviation pour accompagner ce mouvement.
L’action prend 0,54% à 1.043,60 euros à 12h30 à la Bourse de Paris, portant sa capitalisation à 9,5 milliards.