Une surenchère au dumping social ?
L’enquête affirme en effet : « Salaires des cadres en 2014 : des niveaux identiques à ceux de 2013 ». Ainsi, le salaire moyen[i] des cadres en poste en 2014 s’élève à 54 800 €, et le salaire médian[ii] à 48 000 € : des niveaux identiques à ceux de 2013.
Cette atteinte à la reconnaissance professionnelle, ne cesse de se généraliser. Elle se matérialise par une stagnation du niveau des rémunérations quel que soit le niveau de responsabilité, d’implication, et de compétences détenues.
Elle s’explique notamment par :
- La persistance des inégalités salariales entre les femmes et les hommes qui sont encore plus criantes chez les cadres.
- La non-reconnaissance des qualifications des jeunes diplômés à l’embauche qui perçoivent un salaire moyen de 30 000 € (niveau identique à 2013).
- Les politiques publiques qui accentuent ce tassement des salaires avec les exonérations de cotisations sociales accordées sur les salaires inférieurs à 1,6 SMIC. Elles coûtent 30 milliards d’euros à la protection sociale et constituent une trappe à bas salaires, encourageant les employeurs à écraser les grilles salariales pour obtenir le maximum d’exonérations de cotisations sociales.
- Par des politiques de rémunération des entreprises qui visent davantage à différencier les salaires de manière individualisée, plutôt qu’à reconnaître les qualifications et l’expérience professionnelle. L’enquête indique d’ailleurs que la moitié des cadres a un salaire composé d’une part variable.
Les moyens existent pour sortir de l’austérité salariale
- Les employeurs bénéficient de 200 milliards d’euros d’aides publiques chaque année au titre de l’emploi et de l’investissement. À l’examen des résultats, le compte n’y est pas du tout : ni sur l’emploi, ni sur le niveau des salaires. Les aides méritent d’être évaluées et conditionnées à des contreparties.
- Les entreprises ont retrouvé leur niveau de marge d’avant la crise financière de 2008.
- La France est en tête des pays redistributeurs de dividendes. La masse salariale des entreprises non financières a été multipliée par 3,6 alors que les dividendes versés aux actionnaires l’ont été par 20 en trente ans.
L’UGICT-CGT propose :
- Un accord-cadre sur les classifications pour imposer aux branches la reconnaissance des qualifications, l’égalité femme/homme, et un déroulé de carrière
- L’ouverture immédiate de négociations dans les entreprises et les branches pour :
- l’égalité salariale immédiate entre les femmes et les hommes
- des augmentations générales au moins égales à l’évolution du plafond de la Sécurité sociale
- un plan de rattrapage salarial pour garantir qu’aucun cadre ne soit rémunéré en deçà du plafond de la Sécurité sociale
- Le conditionnement des aides publiques à la conclusion de négociation salariale et à la suppression des inégalités femme/homme dans les branches et les entreprises.
Pour l’UGICT-CGT, il est urgent de stopper ce mouvement de dégradation qui induit un décrochage des salaires, notamment en début de carrière. La rémunération à juste niveau des qualifications est une condition nécessaire pour la relance économique et pour assurer le financement de la protection sociale, dont les retraites complémentaires AGIRC-ARRCO.