DÉCLARATION DES ÉLUS C.G.T ET U.G.I.C.T-C.G.T AU C.C.E D’U.E.S DU 4 FÉVRIER 2016

Messieurs TRAPPIER, SEGALEN et PETIT,

Pour la C.G.T, sans aucun doute possible, l’année 2015 restera historique pour le Rafale Export, avec la signature de deux contrats de 24 appareils chacun, pour l’Égypte et le Qatar.

À cela s’ajoute, la signature intergouvernementale avec l’Inde, le 25 janvier 2016, confirmant que le carnet de commandes Rafale société augmentera de 36 appareils supplémentaires dans les mois ou semaines qui viennent. Ce qui portera à 119 le nombre de Rafale à livrer, dès la signature définitive avec l’Inde, que vous annoncez d’ailleurs sous 4 semaines.

Le besoin de changement de la flotte d’avions de combat de ce dernier pays étant tellement important que la réussite totale de ce contrat de 36 Rafale « sur étagères » risque fort d’être suivi d’une intention d’acquisition plus importante encore, mais avec un concept différent de « Make in India ».

Ce probable transfert de fabrication et/ou de licence, nous interpelle fortement.

– À quoi correspondent les différentes compensations négociées de ce « Make in India » Rafale, Falcon ?
– Quelles conséquences pour les établissements France ; en termes d’emplois, de charges de travail, … ?

Pour la C.G.T, ces commandes doivent se concrétiser en embauches Dassault. Nous ne cesserons de vous le répéter, vous avez un devoir d’entreprise citoyenne à respecter, dans un contexte de chômage structurelle, que connait notre pays.

D’autres prospects étrangers sont en cours de discussions et il ne faut surtout pas oublier la 5ème tranche de la LPM France, qui si à ce jour est décalée dans le temps, rien ne permet de dire qu’elle est annulée et qu’il n’y aura pas une autre commande de Rafale France par l’État.

Au niveau des avions civils, pour la C.G.T, le pari de lancer deux programmes nouveaux, le F8X et F5X pratiquement dans la même période, s’est avéré trop ambitieux.

Si le programme 8X semble être sur de bons rails, il n’en est pas de même pour le F5X.
En effet, vous avez annoncé officiellement cette semaine, un retard de livraison de 2 ans. Le premier vol est prévu en 2017 au lieu de 2015 et les livraisons clients reculent en début 2020.

Jamais Dassault Aviation n’a connu un tel retard et le seul coupable désigné par vous officiellement, est le motoriste SNECMA de SAFRAN qui ne saurait, pour la C.G.T, porter seul la responsabilité de cette situation.

En effet, votre méthodologie de travail, adoptée depuis la création du F7X, qui consiste à lancer la production en même temps que le développement de l’avion, effectués avec de soi-disant technologies révolutionnaires de pointe telles que le PLM Système, l’Usine numérique, le Lean-manufacturing, la supply-chain, les externalisations, la sous-traitance, etc… etc…, multiplient les difficultés pour mener à bien les nouveaux programmes industriels de notre société.

La C.G.T, dans cette instance, vous avait déjà alerté sur les dangers de ces changements de stratégie industrielle, qui ont montré certaines limites à l’occasion du F7X. Cela aurait dû vous alerter, mais vous avez préféré succomber aux sirènes de ceux qui vous promettent des usines, des bureaux, des services, avec toujours moins de salariés qui travaillent et produisent toujours plus.

À chaque visite de vos directeurs, dans les différents établissements, les élus C.G.T s’efforcent de leur remettre des dossiers complets sur les problèmes rencontrés par les salariés. Le dernier en date, celui de Martignas, qui nous l’espérons est entre vos mains.

Pour la C.G.T et l’U.G.I.C.T-CGT, mais aussi pour les salariés, la seule vraie question qui se pose aujourd’hui est et sera : serons-nous capables de fabriquer et de livrer, à nos clients, en temps et en heure, nos avions avec la qualité demandée, malgré une organisation du travail complètement défaillante ?

Avec un carnet de commandes civiles de 91 Falcon restants à livrer au 31 décembre 2015 et de 119 Rafale à partir de la signature indienne prévue pour Mars, le carnet de commandes société et la trésorerie risquent d’afficher des sommes colossales et record, dévoilant bien, s’il en était encore besoin, l’excellente santé financière de notre société.

Aujourd’hui, si tous les voyants financiers sont au vert il n’en est pas de même pour le volet social.

C’est forte de ce constat, que la C.G.T affirme haut et fort, que la société industrielle Dassault-Aviation, qui a inventé et fabriqué de nombreux avions, a basculé dans la financiarisation et la recherche permanente d’optimiser les gains et les profits au détriment des produits et de ses salariés, depuis Serge Dassault.

En 2015, le Conseil d’Administration a utilisé la trésorerie pour racheter et détruire des actions à E.A.D.S, ce qui a fait passer gratuitement l’actionnaire principal, Serge DASSAULT de 50.5 % à 56.11 % du capital social Dassault-Aviation.

Dans cette même logique, après avoir balayé les N.A.O et imposé 0 % d’AG à tous les salariés, vous vous êtes voté fin 2015, en catimini au Conseil d’Administration, le droit de vous distribuer 40 millions d’€uros en 3 ans, pour 11 mandataires sociaux et quelques salariés méritants, alors que pour rester dans la légalité actuelle de la loi, vous avez accordé généreusement, aux plus de 8 000 salariés de cette entreprise, 1 million d’€uros à se partager entre eux.

En cette période de N.A.O, chez Dassault, les années passent et se ressemblent, pourtant vous nous annonciez, l’année dernière, vouloir changer la façon d’aborder les N.A.O 2016, mais tout d’un coup, les mêmes vieux réflexes reviennent. Le contexte devient plus difficile et les vieux démons du capital ressurgissent : la crise, la parité, le pétrole, la Chine, la concurrence, on est trop cher, etc…etc….

Nous sommes aujourd’hui le 4 février et toujours aucune discussion sur les salaires, l’emploi, les conditions de travail…

Ce n’est pas par le biais du courrier des vœux 2016, envoyé chez les salariés, culpabilisant ces derniers et leurs familles d’oser réclamer une politique salariale et sociale d’un autre niveau pratiqué ces dernières années, que les salariés se plieront à vos exigences. Le revirement de votre position idéologique sur les congés que vous avez tenté de leur imposer en est une illustration flagrante.

Pour la C.G.T et l’U.G.I.C.T-C.G.T, le climat social de ces prochaines années se résumera dans le résultat de ces N.A.O 2016.

Soit vous faites tout ce qu’il faut pour que les salariés de cette entreprise relèvent le défi du carnet de commandes, dans la qualité et les délais attendus, soit vous continuez à favoriser la financiarisation d’une minorité dirigeante.au détriment du social et du bien-être des salariés.

Vous avez jusqu’au 11 février pour prendre les bonnes décisions, après sachez que la C.G.T et l’U.G.I.C.T-C.G.T de cette U.E.S seront toujours du côté des salariés qui défendent et qui luttent pour plus de valeurs et de justice.

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